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SOURCE DE NEIRIVUE


La Source de Neirivue se trouve dans le village du même nom (commune du Haut-Intyamon) et elle alimente la pisciculture de la Gruyère.


Elle est impénétrable et l'eau sort d'une zone d'éboulis dans la moraine sur laquelle se trouve une ancienne chambre en béton dont il ne reste que les murs du pourtour. Quelques mètres en aval de la sortie de l'eau, un conduit artificiel permet d'acheminer l'eau pour les bassins de la pisciculture; en étiage l'eau est entièrement détournée dans ces bassins, mais lorsque le débit augmente, seule une partie de l'eau est utilisée.


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La source est une émergence pérenne au débit qui varie de 150 litres/seconde en étiage prononcé à environ 4000 litres/seconde lors des grosses crues. Après de fortes pluies, il faut compter 12 à 15 heures pour que la crue apparaisse à la source.

La température de l'eau varie de 5°C à 9°C. Curieusement les températures les plus basses sont souvent enregistrées lorsque la température extérieure est importante, surtout en altitude. Cela est probablement dû au fait que l'alimentation en eau est accentuée par la fonte des névés dans les cavités de la chaîne de montagne.

Par ailleurs, la pisciculture doit faire face à un problème de sur-saturation d'azote dans l'eau pendant une durée d'environ trois heures lors des crues. Ce phénomène proviendrait de la mise sous pression de poches d'air dans la zone du "collecteur" qui après ennoyage se dissolvent dans l'eau libérant ainsi leur part d'azote.



Cette émergence est donc alimentée par un collecteur qui draine une bonne partie de la chaîne de montagne qui se développe depuis la Cape au Moine jusqu'au Vanil Blanc. Sur cette chaîne se développent plusieurs zones karstiques (Urqui, Folliu Borna, Dent de Lys, etc…) où de nombreux gouffres ont été explorés.


En outre, cette source est en relation avec l'Estavelle de l'Hongrin qui se situe cinq kilomètres en amont dans les gorges de l'Hongrin. Cette "capture" de tout ou partie des eaux de la rivière de l'Hongrin est connue depuis longtemps et elle a été prouvée par traçage. D'après un rapport de 1949, 60% de l'eau à la Source de Neirivue proviendrait de cette perte. Cette communication n'est toutefois pas à sens unique. En effet si en étiage l'Estavelle est une perte, en crue il fonctionne comme trop plein est devient émissif !



En juin 2003, un multi-traçage a été réalisé pour mettre en évidence les différentes relations avec des cavités de la chaîne ainsi qu'avec l'Estavelle de l'Hongrin.


[   Multi-traçage réalisé en juin 2003   ]



Au vu des connaissances actuelles, on suppose que le collecteur de la source n'est peut-être pas un conduit unique entièrement noyé et qu'il est alimenté à la fois par les eaux de l'Hongrin et les eaux collectées par les zones karstiques en altitude.

Lors des crues, il se met en charge et lorsque le débit devient trop important pour que la Source de Neirivue puisse écouler toute l'eau, le niveau monte. L'Estavelle de l'Hongrin devient alors émissive alors que d'autres sources se mettent à couler, notamment autour de la Grotte du Roc qui se situe plus en amont dans les gorges de l'Hongrin.


[   Cavités des Gorges de l'Hongrin  ]



Bibliographie

Bossy F. (2004) : Multi-traçage du versant sud-est de l'Intyamon (juin-juillet 2003). - Rapport CHYN : 28 p.

Bossy F. (2005) : Multitraçage du versant sud-est de l'Intyamon (juin-juillet 2003). - Stalactite, 55(1), 1/2005 : 29-38

Dutruit J. (2005) : Multi-traçage à la Source de Neirivue. - Le Trou, 66 : 59



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