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COMMUNE DE ROSSINIERE


Emergence de la Chaudanne


Se trouve juste en bordure de la route, sur la rive droite de la Sarine au lieut dit "La Chaudanne" qui se trouve entre les villages de Rossinière (en aval) et Les Moulins.


Historique


Les premières plongées de 1963-1964 effectuées par le Centre de Sports Sous-marins de Lausanne (CSSL) ainsi qu'un membre du GSL permirent d'atteindre la distance remarquable pour l'époque de 220m.


Topographie de 1964


En 1974, les plongées sont reprises par le Groupe Lémanique de Plongée Souterraine (GLPS), groupement dont les membres proviennent de différents clubs dont le GSL. La distance de 365m pour -70m est atteinte. La suite de l'exploration par le GLPS verra des pointes alternées entre Cyrille Brandt et Olivier Isler. En 1985, Cyrille progresse à 560m pour une profondeur de -100m, puis Olivier atteint -108m l'année suivante.


Enfin en mars 1988, Cyrille Brandt atteint la profondeur extrême de -143m et la source devient alors la plus profonde plongée spéléologique en Suisse.


La plongée "record" de Cyrille Brandt en 1988


Depuis cette plongée mémorable, une équipe de plongeurs de différents horizons et regroupés sous la dénomination du GEC ont repris les plongées dans cette source. Le 15 février 2009 et après de nombreuses plongées, une pointe de 9h13min permet à Michael Walz d'atteindre cette fois la cote de -175m. Les travaux du GEC sont publiés sur le site WEB suivant :

[ Groupe d'Exploration de la Source de la Chaudanne ]


Description


La vasque d'entrée de deux mètres de diamètre donne sur entonnoir raide menant à -6m où un laminoir (désobstrué) entre plafond et boulets morainiques est suivi par un puits étroit de 7m (Puits du Gruyère), une descente et un cran de remontée. On se retrouve alors à un carrefour où une cheminée rejoint une petite surface (remblayage de la route), émergence de crue.


Vasque d'entrée en étiage


En face le siphon continue et on rejoint rapidement un deuxième puits (Puits de l'Etivaz), déjà plus large et à la base duquel commence la "Galerie des Trychopyges"; on a d'abord un passage large et bas encombrés de blocs long d'une trentaine de mètres qui mène à -28m, puis la galerie se met à remonter et le plafond s'élève lentement. A 140m de l'entrée, une longue dalle rocheuse obstrue presque complètement la galerie : c'est "L'Etroiture de la Dalle", mais cette étroiture n'est plus qu'un souvenir depuis qu'un chemin a été découvert et déblayé sous la lame rocheuse dont le décollement à généré un court passage supérieur en laminoir.

Depuis cet obstacle, un virage sur la gauche àdonne sur une galerie qui change de morphologie et jusqu'à 200m de l'entrée, c'est une vaste galerie chaotique tout en coudes brusques et en petits crans de montée ou de descente. Les voûtes presque noires ont des formes irrégulières et compliquées, tandis que la galerie remonte progressivement jusqu'à -14m (Le Col).

Dès ce point, le plafond se rehausse progressivement, les passages bas sont maintenant derrière. Une jolie galerie horizontale à -22m, qui paraît très vaste, précède le Ressaut et le Puits de la Corde où l'on dépasse définitivement la cote -40m. Après un passage en palier où le plafond monte latéralement en rive gauche sur plus de cinq mètres de hauteur (bonjour l'argile !), la dimension de la galerie se maintient depuis là entre deux et trois mètres de diamètre. Cette partie, dite "La Banane", descend en pente douce jusqu'à -75m, puis remonte lentement jusqu'à -60m; on est alors au point dit "Le Balcon" où le siphon se sépare en deux branches.

La première branche, en hauteur, est un passage collatéral d'une soixantaine de mètres sur le trajet principal passant par la "Galerie du Balcon" et le "Puits des Vagues".

Quant à la deuxième branche, c'est la plus évidente car depuis "Le Balcon" on a un coup d'oeil spectaculaire sur "Le Toboggan"; la descente y est d'abord très rapide, puis s'adoucit en s'approchant du point bas de -100m, au fond couvert de petits blocs. Après une franche remontée, on rencontre un point haut vers -86m, et la galerie bascule progressivement dans le puits terminal en demi-cylindre, subvertical, le "Puits San Tedeco". La dernière pointe a permis d'atteindre -175m, mais le puits continue encore plus bas.


Géologie


La cavité se développe dans le Bathonien (Dogger). Il est indéniable que le siphon a subit l'influence de la tectonique locale, mais il reste à préciser de nombreux points.


Hydrogéologie


L'émergence de la Chaudanne se trouve dans une zone encaissée de la vallée de la Sarine; située à peine dix mètres en altitude au-dessus du fond de la vallée, elle donne naissance à un court torrent qui se jette dans la Sarine. C'est une émergence karstique d'importance moyenne, puisque son débit descend vers 70 l/s en étiage et atteint l'ordre de 3000 l/s en bonne crue (Müller 1975 et 1981; Müller et Plancherel 1982).


Crue en mars 2005


Les grandes variations de débit, la vitesse de réaction aux pluies et la rapidité d'arrivée à la source des eaux fraîchement infiltrées indiquent une grande perméabilité des drains karstiques et une étendue relativement limitée de la zone noyée.

Aucune coloration n'a donné de résultats positifs concernant la zone d'alimentation. Elle a donc été déduite de la structure géologique, et aussi de l'étendue connue du bassin versant de l'autre émergence du massif, celle de Jaun. Cette dernière est située à l'extrémité opposée du massif du Vanil Noir, a une structure allongée orientée SW-NE.

L'émergence de la Chaudanne est située à son extrémité SW et drainerait une bande étroite des couches du Dogger ou du Malm située sur le flanc sud de la chaîne des Vanils (Müller et Plancherel 1982). Parmi les cavités explorées en altitude sur cette bande de terrain, il n'y en a aucune avec une circulation souterraine; de même, aucune perte significative n'a été trouvée.


Carte hydrogéologique d'après Müller et Plancherel 1982




Toutes les photos et illustrations ©GSL et leur(s) auteur(s) respectif(s)