Début
Fin
Précédent
Suivant


LE GLPS ET SA RELATION AVEC LE GSL

Texte de Cyrille Brandt (repris du Trou no.64, année 2000)

La relation entre le GSL et le Groupe Lémanique de Plongée Souterraine (GLPS) repose sur quelques membres communs. Mais c'est déjà plus de dix ans avant les débuts du GLPS que le GSL était entré en contact avec le monde de la plongée, lorsqu'en 1957 deux plongeurs-lac ont été invités à effectuer une reconnaissance dans les difficiles conditions du siphon de la Grande Chaudière d'Enfer à la Vallée de Joux. Michel Liberek, spéléo lausannois, invite dès 1960 son cousin Claude Schmidt et d'autres équipiers du CSSL (Centre de Sports Sous-marins de Lausanne) à plonger dans la Grande Chaudière d'Enfer .


Emergence de la Lionne en dessous des Chaudières d'Enfer


C'est encore Liberek qui amène son cousin à s'intéresser à La Chaudanne dans les Préalpes. Claude Schmidt est un fort plongeur et il a une expérience des siphons, rare pour l'époque. C'est lui et deux autres fameux membres du CSSL, André Piguet et Dominique D'Arman, qui firent en 1963 les premières plongées à la Chaudanne; en 1964, la distance remarquable pour l'époque de 220 m était atteinte dans cette délicate cavité noyée.

C'est encore au sein du CSSL, en suivant à distance les traces de Schmidt et de ses coéquipiers, que s'est formé le noyau de ce qui allait devenir le GLPS. L'impulsion initiale a été donnée par Pierre Martin, venu chercher au CSSL une formation en plongée avec déjà des intentions spéléologiques. Le premier contact avec un siphon s'est fait à La Chaudanne en octobre 1969, en compagnie de Cyrille Brandt, un coéquipier du CSSL. Suivirent une série de plongées à La Chaudanne au cours de l'hiver 69-70, pour les premières confrontations avec la touille et les retours sans visibilité. Question distance, on était resté très en deçà des performances des prédécesseurs.

L'apprentissage a commencé dans des siphons plutôt difficiles. La Chaudanne avait donné un avant-goût, mais les siphons suivants, très étroits et/ou très argileux, n'ont offert que de courtes progressions : Source de la Lyonne à L'Abbaye, Petite et Grande Chaudière d'Enfer, Source de l'Areuse. Pas plus de succès dans une prospection des sources du pied du Jura vaudois, toutes impénétrables. Une seule a retenu durablement l'attention, celle de la Source de la Venoge, où une campagne de désobstruction subaquatique de plusieurs années a vu la participation de nombreux membres du CSSL et du GSL.


Source de la Venoge


En 1971, l'équipe est restée toute petite, parfois rejointe occasionnellement par un autre membre du CSSL. De cette année date le premier siphon franchi, dans la Grotte de Môtiers, et les premières dizaines de mètres en terrain neuf dans une résurgence, à Bätterich. C'est aussi l'année du rapprochement avec le GSL.

En 1972, première collaboration avec un spéléo jurassien, Gérard Domon, puis en été l'équipe s'étoffe avec l'arrivée de deux nouveaux, Mario Luini et Olivier Isler. Le sang neuf amène un regain de motivation, l'inventivité d'Olivier accélère les progrès techniques. Le nom de GLPS, proposé par M. Luini, commence à entrer en usage. Elargissement de l'activité spéléologique aussi, à la Source du Doubs et au fond du réseau de Milandre . Fructueuses explorations post-siphon à la Source de la Doue et à la Grotte de St Martin. Et l'année suivante voit arriver une deuxième vague de nouveaux, issus aussi bien de la spéléologie que de la plongée-lac : Christophe Foetisch, Henri Cretton, et Claude Magnin, un pilier du GSL.

Dans les trois ans qui suivent, les activités se sont intensifiées, ainsi que les performances qui ont suivi le gain en expérience. L'équipe se détache complètement du CSSL pour plus de contacts avec les milieux spéléo. Début 1974, retour d'une équipe considérablement aguerrie et renforcée à La Chaudanne, où elle dépasse enfin le territoire connu; O. Isler y atteint -70 m à 350 m de l'entrée.

Importante progression aussi à Bätterich, avec le renfort d'un récent immigré de Zürich, mais déjà spéléo-plongeur expérimenté, Philippe Schneider. On trouve encore le GLPS actif dans des explorations post-siphons au Creux Genat, en collaboration avec Gérard Domon et avec la solide équipe de plongeurs de la SSS Genève, et ailleurs.


Bätterich


Mais l'équipe se spécialise plutôt en plongée de résurgence et en systèmes noyés. La limite des 1000 m de progression en siphon est dépassée.

Le GLPS vit maintenant ses meilleures années comme équipe, forte de plusieurs "anciens" expérimentés, O.Isler, C.Magnin, Ph.Schneider, C.Brandt, avec l'apport en 1980 et 1981 d'une vague de nouveaux dont certains arrivent rapidement à un excellent niveau : Pascal Perracini (GSL), Léopold Jaton et Jean-Jacques Bolanz (GSL). On note aussi la participation d'un autre membre du GSL, Michel Casellini, déjà familier de la plongée en lac et qui vient prêter main forte en siphon. Sur le plan technique, un nouveau pas est franchi lorsque O.Isler introduit en 1980 l'usage d'oxygène pur en décompression, puis de mélanges suroxygénés. C'est maintenant la barre des 2000 m en galerie noyée qui est franchie à la Source de Bourne .En 1982, la plongée aux mélanges à base d'hélium est inaugurée par C. Brandt, qui atteint -115 m dans la Source de Tourne; aux longues distances en siphon vient maintenant s'ajouter un nouveau cran en profondeur.

Dès le milieu des années 80, le GLPS éclate progressivement.

Les trois héritiers du groupe encore actifs en pointe agissent séparément au sein d'équipes internationales réunies autour de quelques grands systèmes noyés. On les voit dans de nombreux projets importants, à la Touvre d'Angoulême, au Goul de la Tannerie à Bourg St Andéol, à la Doux de Coly, à la Fontaine St Georges, au Ressel, à la Source des Chartreux à Cahors, au Gorgazzo etc., etc.

La Chaudanne
, toujours elle, reçoit comme explorateurs alternativement O. Isler et C. Brandt, qui prolongent le domaine connu jusqu'à un bon -140 m à 600 m de l'entrée.


La Chaudanne en petite crue


A signaler l'activité de J.-J. Bolanz, qui a quitté le GSL pour le SCVJ, comme leader de nombreux camps, en particulier en Italie et en Grèce. Sur un plan technique, O.Isler atteint un niveau supérieur grâce à son inventivité et à un énorme travail sur l'équipement, et réalise quelques pointes spectaculaires. Un autre ancien du GLPS et membre du GSL, C. Brandt, s'est surtout consacré dès la fin des années 80 (au sein d'un collectif d'une soixantaine d'équipiers) à l'exploration et à la topographie du réseau noyé complexe de Font Estramar dans les Corbières en Catalogne française.


Font Estramar



Toutes les photos et illustrations ©GSL et leur(s) auteur(s) respectif(s)