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EXPLORATIONS DANS LE JURA VAUDOIS


SOURCE ET PUITS DE LA VENOGE



La Venoge est une rivière vaudoise d'une longueur de 38 km qui s'écoule du nord au sud entre le pied du Jura et le Lac Léman, mais dans le coeur des habitants du canton ce n'est plus un simple cours d'eau depuis que Jean Villard (dit Gilles) lui dédia un poème.

[ Jean Vilard Gilles et le poème sur la Venoge ]

L'émergence de cette rivière, dite "Source de la Venoge" ou "Chaudron", se trouve dans le village de L'Isle, tandis que son trop plein, le "Puits de la Venoge", se trouve quant à lui à environ 570 m au NW et 45 m plus haut en altitude. Si ces deux sites, reliés en surface par un cours d'eau temporaire, sont très prisés par les touristes, les spéléologues eux rêvent depuis longtemps de trouver le collecteur souterrain sous la châine du Jura.

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[ Source de la Venoge ] [ Puits de la Venoge ]
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Géologie

La Source et le Puits s'ouvrent dans les calcaires Urgonien (Crétacé).


Hydrogéologie

La Source de la Venoge est une émergence vauclusienne typiquement karstique répondant de manière extrêmement rapide aux événements pluvieux ou lors de la fonte des neiges.

Le débit moyen est de 820 litres/secondes, tandis que les valeurs extrêmes en étiage et en crue sont respectivement de 10 litres/secondes et de 7500 litres/secondes.

En période d'étiage, l'eau sort de l'éboulis en aval de la Source, mais en période normale cette dernière est émissive. Quant au siphon au terminus du Puits, c'est un regard sur la circulation souterraine qui alimente la source.

Mentionnons aussi qu'un petit ruisseau temporaire issu des pentes du Jura s'écoule dans l'entonnoir d'entrée du Puits et rejoint le siphon terminal alimentant ainsi la circulation.

Lors des grosses crues, l'eau remonte dans le Puits qui joue le rôle de trop plein, puis déborde en donnant naissance à un torrent de plusieurs m3/s qui va alors s'écouler en surface pour rejoindre la Source. Le débit de cette dernière vient alors grossir le torrent issu du puits.

Bassin d'alimentation

En novembre 1985, le bureau P.Blanc a injecté de la fluorescéine dans le Pré de Joux et après quelques jours la relation avec la Source de la Venoge était démontrée.

En mai 1987, un traçage triple est effectué par Y.Lavanchy et le SCVJ avec injection de fluorescéine au Pré de l'Haut, de sulforhodamine dans le pâturage de la Sagnette et de naphtionate dans le Gouffre de Druchaux.

Le naphtionate injecté à Druchaux n'a pas été détecté à la Venoge.

La fluorescéine injectée au Pré de l'Haut a été détectée environ 64 heures après l'injection. La distance à vol d'oiseau est d'environ 5 kilomètres pour une dénivellation de 635 m ce qui fait une vitesse d'environ 78 m/h. La concentration maximum a été atteinte 2 jours plus tard, puis la concentration décroît. La Source de Belle-Fontaine exploitant le même aquifère a réagit de manière identique.

La sulforhodamine injectée à la Sagnette a été détectée environ 80 heures après l'injection. La distance à vol d'oiseau est d'environ 6,5 kilomètres pour une dénivellation de 415 m ce qui fait une vitesse d'environ 80 m/h ce qui est pratiquement identique à la précédente. La concentration a toutefois toujours été faible et la Source de Belle-Fontaine a encore une fois réagit de manière identique.

En 2001, dans le cadre des explorations aux Chaudières d'Enfer (commune de l'Abbaye), un traçage a été effectué cette fois dans le Gouffre du Bois de Vaulion situé entre le Pré de l'Haut Dessous et le Sapelet Dessous. A la grande surprise, le traceur n'a pas été détecté sur le versant du Lac de Joux mais il a été détecté à la Source de la Venoge. La distance à vol d'oiseau est d'environ 5,3 kilomètres pour une dénivellation de 630 m.

Carte des traçages effectués

En conclusion, ces différents traçages ont démontré que :

1) Depuis le Pré de l'Haut, un écoulement suit le synclinal des Crosets dans le sens SW-NE, puis au niveau du Col du Mollendruz il oblique alors à 90° vers le sud-est pour prendre cette fois la direction de la Venoge.

2) Les pâturages des Croisettes et du chalet du Pont, situés sur le territoire de la commune de l'Abbaye, font également partie du bassin d'alimentation de la source.

3) Une partie de l'eau provient de l'anticlinal du Mont Tendre - Chalet Derrière, en tout cas des zones situées vers le Pré de Joux et Le Sasselet.

4) Enfin une autre partie de l'eau provient du Malm du synclinal de Vaulion, mais la faible quantité de sulforhodamine retrouvée permet de supposer qu'elle a été injectée à la limite du bassin versant. La Perte de la Sagnette située 500 mètres au nord-est du point d'injection de la sulforhodamine est sûrement aussi en relation avec la Venoge.


Bibliographie sommaire

Deriaz P., Bourret F., Jeannin P-Y., Lalou J-C., Lambelet J., Pauli C., Spring D, Thévoz P-Y. et les contributions de Blant M., Chaix L., Christe Ph., Glaizot O., Maeder A., Opplinger J., Pignat G., Renaudin P., Strinati P. (2007) : Inventaire spéléologique de la Suisse, Tome 5, Nord vaudois. - Commission de Spéléologie de l'Académie suisse des sciences naturelles, La Chaux-de-Fonds : 167-170

Brandt C. (1975) : Explorations de plongée souterraine. - Stalactite, 25(1) : 7-21

Lavanchy Y. et SCVJ (1988) : Réalisation d'un traçage triple dans la région Mont-Tendre - Col du Marchairuz. - Actes du 8ème congrès suisse de spéléologie, Vallée de Joux, 18-20 septembre 1987, Supplément no.12 à Stalactite : 97-103

Perrin J. (1994) : Le Puits de la Venoge - Le Trou, 58 (1/1994) : 3-6




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