Début
Fin
Précédent
Suivant
|
EXPLORATIONS DANS LE JURA VAUDOIS


GROTTES AUX FEES DE VALLORBE


HYDROGEOLOGIE

04.02.2016

Contexte général dans la reculée de La Dernier  ]


Etiage

En période d'étiage, et dans une bonne partie du réseau, il y a principalement que des siphons barrant la route au terminus de quelques galeries, quelques voûtes mouillantes, ainsi que de nombreux bassins qui jalonnent le cheminement; si la plupart sont de petites tailles, certains forment parfois des lacs profond.

Voûte mouillante (siphon temporaire des Extrémistes) dans la Galerie des Fossiles

Toutefois, on trouve quand même plusieurs circulations pérennes. Deux d’entre elles, de faible débit, se situent dans la partie orientale du réseau et l’une en face de l’autre pour s’écouler en sens contraire. La première, le "Ruisseau des Chercheurs d'Or", s'écoule du nord vers le sud au terminus de la "Galerie Amphibie" et en étiage, cette circulation disparaît une vingtaine de mètres plus loin dans une perte. La deuxième quant à elle, dite "Rivière Blizzard", est un ruisseau qui s'écoule dans le sens contraire (du sud au nord) depuis la partie terminale du "Méandre Carabosse" jusqu'au bas de la "Rampe Jeanne d'Arc" où en étiage, ce ruisseau disparaît lui aussi dans une perte.

Relevés du 24.09.2005 dans la Rivière Blizzard et la Galerie Amphibie  ]

Les autres cours d'eau prérennes se trouvent :

1 ) Dans un méandre latéral des "Catacombes" (réseau qui absorbe les écoulements lors des crues) où une rivière avait un débit estimé à 5 l/s en décembre 2015.

2 ) Dans la "Rivière Lanceleau" qui se greffe sur la "Galerie Viviane-Dame des Lacs". La partie amont de cette rivière, terminée après 120 m par un siphon, s'écoule parallèlement au conduit principal "Epées-Viviane", puis la partie aval se détache de la "Galerie Viviane" pour ensuite disparaître 50 m plus loin dans un autre siphon. En étiage, le débit est estimé à 20-30 l/ mais en crue le débit peut atteindre 300 litres/seconde.

3 ) Dans une première branche de la "Galerie Pendragon" où le cours d'eau peut être suivi sur une centaine de mètres entre un siphon au SW et une perte au NE. C'est probablement le même cours d'eau que la "Rivière Lanceleau" car les débits sont identiques.

4 ) Dans une deuxième branche de la "Galerie Pendragon" où une rivière apparaît dans un gros siphon pour s'écouler d'ouest en est.Signalons par ailleurs que la température de cette rivière, mesurée en janvier 2015, était anormalement élevée (8,6°C).

5 ) Dans la"Galerie 13" où un ruisseau forme de nombreux bassins.

6 ) Dans le "Labyrinthe d'Excalibur" où les écoulements disparaissent dans des siphons.

7 ) Dans le "Labyrinthe de Camelot" jusqu'à la "Galerie Hector".

Depuis l'amont de la "Rivière Lanceleau" jusque dans la "Galerie Hector", il pourrait s'agir d'une même circulation qui s'écoulerait du SW au NE.


Crues

Dans la partie orientale du réseau, les crues sont maintenant mieux connues. La montée des eaux progressives ennoye d'abord les points bas en formant des siphons : d'une part dans la zone entre la "Rampe jeanne d'Arc" et la "Galerie des Fossiles", point de rencontre des deux ruisseaux pérennes décrits plus haut, et d'autre part dans la "Galerie Polaire" où la galerie au bas du R4 s'ennoye sur quelques dizaines de mètres.

Mesure des crues ( colonne d'eau ) dans la Galerie Amphibie  ]

Enfin dans la Petite Grotte, un ruisselet se forme en aval du "Rasoir" et l'eau est refoulée vers la deuxième salle ce qui provoque un ennoyage progressif de "La Chatière" de sable jusqu’à former un siphon.

En période de crues, il n'est par contre pas possible de remonter la "Rivière Blizzard" et il est trop dangereux de descendre dans le Gouffre des Follatons. On ignore donc ce qui se passe vraiment dans toute la partie occidentale du réseau.

Toutefois il est certain que les points bas sont ennoyés car un capteur de pression placé de mars à mai 2006 au "Terminal", point bas de la "Galerie des Errants", a enregistré des montées d'eau de 2,2 mètres. Par ailleurs, des sondes CaveLink placées en 2015 dans la "Galerie Glaisine", la "Galerie Viviane" et la "Galerie Arthur" ont permis d'observer des mises en charge rapides et très importantes qui ne laisserait aucune chance de s'en sortir vivant à un malheureux spéléos qui n'aurait pas pris garde à la météo.



Grosses crues

En grosse crue, les mises en charge provoquent un ennoyage progressif d'un grand nombre de galeries comme en atteste les traces que l'on peut observer en différents endroits. Dans de nombreux secteurs, les grosses lames d'érosion attestent aussi de la violence du courant.

Dans la partie orientale du réseau , le niveau du siphon au bas de la "Rampe Jeanne d'Arc" remonte jusqu'au sommet du "Puits de l'Ours" et l'eau déborde alors la "Galerie du Joker" pour ensuite s'écouler dans la "Galerie des Petits Lutins". Ce ruisseau, rejoint ensuite le "Lac des Fruits Défendus" dont le niveau se trouve plus haut que la galerie qui le précède; il peut ainsi déborder dans cette dernière en formant un autre lac. Dans la plupart des cas, le niveau de ce dernier se stabilise plus ou moins car l'eau peut s'échapper dans une perte en contrebas du terminus de la "Galerie du Cadeau d'Anniversaire".

Si la mise en charge se poursuit, il est probable que la "Galerie du Joker" et d'autres endroits se noyent, tandis que le siphon de la "Galerie Polaire" va remonter jussqu'au sommet du R4 pour venir alimenter la galerie qui précède le "Lac des Fruits Défendus". La perte ne pourra alors plus absorber le débit et la montée des eaux se traduit ensuite par un écoulement dans la "Galerie du Cadeau d'Anniversaire" et dans la "Galerie des Princes Charmés" avec par endroits la formation de siphons. Ce phénomène n'a pour l'instant été constaté qu'une seule fois en octobre 2004 et cette grosse crue a d'ailleurs complètement déstabilisé et rebouché le passage de la trémie de l'"Au Delà". Suite à cet événement, il a donc fallu entreprendre des travaux pour ouvrir à nouveau le passage et sécuriser l'endroit avec du ciment.

Lors de ces grosses crues, la Petite Grotte s'ennoye complètement et l'eau ressort alors par le porche en formant une belle cascade en contrebas de l'entrée. Cette cavité est donc une émergence temporaire, mais il est quand même rare de pouvoir observer une crue à l'entrée; en moyenne cela arrive quand même une fois par année.

Crue à la Petite Grotte en janvier 2004



Crues exceptionnelles

Il n'y a eu que 5 ou 6 crues exceptionnelles au cours du 20ème siècle, les trois dernières ayant eu lieu le 15 février 1990, le 9 février 1955 et le 14 janvier 1955. Dans ces conditions, il y a non seulement une rivière qui ressort par le porche de la Petite Grotte, mais à ce moment l'orifice de la Grande Grotte devient lui aussi fonctionnel et un torrent pouvant atteindre un mètre de hauteur s'écoule alors par le porche.

Il est fort probable que cela est dû au fait que la Petite Grotte n'arrive plus à absorber le débit et que l'eau remonte alors dans la Grande Grotte. En 1955, la crue a ainsi ouvert un passage entre la deuxième et la première salle, tandis qu'en février 1990 on a pu constater que l’eau avait probablement fait son apparition vers la "Faille des Lausannois ", ainsi que sur un des côtés de la première salle, dans un endroit situé à l’aplomb de la cheminée qui domine la troisième salle de la Petite Grotte.

Crue à la Grande Grotte le 15 février 1990 ( photos : A.Maillefer )


Quant aux conditions particulières qui provoquent ces crues exceptionnelles, elles ne sont connues que pour celle de février 1990. Dans les semaines auparavant, il avait fait très froid et le sol était en de nombreux endroits complètement gelé. Lors d’un réchauffement subit, de fortes pluies se sont abattues provoquant un peu partout des inondations du fait que le sol n’avait pas eu le temps de se dégeler. Le seul chemin pour l’eau était alors les plus grosse fissures dans le sol car il n’y avait pas d’autre échappatoire.




Toutes les photos et illustrations ©GSL et leur(s) auteur(s) respectif(s)